Spécificités des storyboards selon les domaines

Storyboards de tournage pour les longs métrages

Un storyboard de tournage pour un long-métrage en images réelles est conçu en contact étroit avec la réalisation. Le dessinateur ou la dessinatrice l’effectue chez lui/elle, en général sur deux ou trois mois, pour un total de 1000 à 1500 vignettes. Les délais s’allongent de beaucoup pour les grosses productions à effets spéciaux. De plus, dans ce cas le dessinateur ou la dessinatrice devra échanger avec l’équipe en charge des effets spéciaux.

Parfois, le travail se fait à partir d’une version déjà faite par le réalisateur. Il s’agit alors de le rendre plus propre et plus lisible.

Aussi, le scénario est amené à subir plusieurs modifications non négligeables. Le storyboard comporte alors l’indication que la séquence a été supprimée à la place des vignettes obsolètes, afin que l’équipe ait l’information et ne s’y perde pas.

Pour la publicité

Storyboard de publicité
Storyboard pour une publicité
Par N8VanDyke – Sous licence CC BY (https://creativecommons.org/licenses/by/3.0) – Source : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Taco_shell_loofa.jpg

Les storyboards de spots publicitaires ne font pas plus de 20 à 30 vignettes. Les délais sont de moins d’un jour à deux jours.

Dans le domaine de la publicité, le client et le réalisateur n’aiment pas prendre de risque. Le dessinateur ou la dessinatrice doit donc connaître ce qui se fait, afin de s’y plier.

Souvent, il n’y a qu’un seul rendez-vous en face à face en début de projet. Il s’agit alors de prendre le plus d’informations possible. La suite des échanges se fait par mail et téléphone.

Pour les clips musicaux

Abordons maintenant les clips musicaux, un format que j’affectionne particulièrement en tant que spectatrice.

Storyboard de tournage

Storyboard d’un clip musical (jamais réalisé) sur la musique « Honey » de Eddy de Pretto
Par Erthia

Les étapes de réalisation d’un clip musical diffèrent de celles de la publicité ou du long-métrage.

Le point de départ du projet est un concept basique, à partir duquel la durée du tournage est fixé et les coûts sont évalués. Le storyboard arrive ensuite.

Le vidéo-clip n’a souvent pas de ligne narrative directrice. Dans ce cas, le storyboard ne représente pas tous les plans. Il ne représente que les « image-clés », qui constituent les plans les plus importants, à filmer en priorité. Il est parfois en couleurs.

Les indications de timing y sont primordiales, car le clip se base sur une musique déjà achevée.

Le storyboard sert à l’équipe de tournage, ainsi qu’au studio ou à l’équipe en charge des effets spéciaux.

En effet, ce genre de projet comprend souvent de nombreux effets spéciaux. Lorsque c’est le cas, le storyboard sert à estimer leur coût, même lorsqu’il ne représente que les image-clés.

La plupart du temps, les équipes ne font pas appel à un storyboardeur ou une storyboardeuse : le réalisateur ou le chef-opérateur font alors le storyboard de tournage.

Storyboard de présentation

Pour un clip musical, le storyboard de présentation est à destination des musiciens. Il possède peu d’images, parfois même qu’une seule si celle-ci suffit à transmettre l’idée principale du film envisagé.

Il arrive que le réalisateur ou la réalisatrice demande au storyboardeur de dessiner sommairement les décors, afin de guider les décorateurs.

Storyboard de tournage pour les films d’animation

Illustration : storyboard d'un film d'animation
Storyboard de « The Banyan Deer » (1957), film d’animation indien
Sous licence CC BY-SA (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0) – Bishu373005 – Source : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Banyan-Deer_5.jpg

C’est dans les studios des films d’animation que les storyboards sont les plus détaillés. Celui-ci décrit et fixe les animations, et développe plus en détail l’intrigue du scénario. Au stade du storyboard, les visuels des éléments 3D sont déjà majoritairement décidés.

Ces storyboards prennent un à deux ans à être faits, et ce à temps plein. Le dessinateur ou la dessinatrice travaille au sein du studio, en rapport étroit avec les graphistes.

Souvent, le réalisateur dessine le storyboard.

Après la confection du storyboard s’ensuit celle de l’animatic.

Animatique (ou animatic)

L’animatic n’est pas réservée aux films d’animation.

Il s’agit d’une vidéo, qui consiste en une succession de cases de storyboard. Ainsi, elle se rapproche plus d’une projection de diapositives que d’une véritable animation.

Parfois, les mouvements y sont plus décomposés que dans un storyboard classique, de façon très basique.

Par exemple, la première vignette du plan montre un personnage bras levé, puis la vignette suivante reprend le même plan avec le même personnage bras baissé.

Les mouvements de caméra y sont représentés de façon grossière, par des zooms ou des déplacements dans l’image.

Elle comporte une bande sonore, avec dialogues, musiques, bruitages…

L’animatique permet de visualiser plus précisément le rythme et le montage du film qu’un storyboard.

C’est pour les films d’animation que l’animatique est la plus travaillée, en terme de rythme, de composition, et de graphisme. Elle montre au plus près ce à quoi ressemblera le film final, sans la couleur. Elle sera alors la base de travail pour les différents studios d’animation et de production travaillant sur le film. Elle servira aussi de support pour enregistrer la bande son définitive.

La création de l’animatique ne revient pas entièrement au storyboardeur. La plupart des agences et maisons de production font appel à un studio de post-production. Le storyboardeur ou la storyboardeuse a alors la tâche de fournir les vignettes qui seront montées.

La suite : Conseils pour faire des storyboards